Mois de octobre 2020 (trav)
Terminer les opérations de mise en hivernage :
Cette période de l’année est primordiale pour la colonie. Les abeilles d’été, après un travail harassant et épuisant, ont fait place à celles d’hiver. Elles ont transformé le sirop en miel et l’ont recouvert d’une opercule de cire, récupérée sur le bas des cadres. En effet, en cette période de l’année, les glandes ciriéres sont atrophiées et de fait, les abeilles ne peuvent en fabriquer. Néanmoins, si ce travail ne peut être fait, la nourriture risque de manquer ou être de mauvaise qualité.
Les abeilles qui naissent en cette période de l’année sont en général bien fournies en corps gras, ce qui leur permettra de passer les difficiles mois d’hiver (températures sont souvent négatives, ensoleillement minimum), sans encombre.
Ces corps gras, d’une importance capitale, permettront également à nos abeilles de reprendre la fabrication de gelée royale lors de l’apparition des premières larves, qui peuvent déjà apparaitre dès le mois de janvier. Si le début de ponte est souvent variable d’une ruche à l’autre, il est souvent fonction de la race, mais surtout des conditions météorologiques. Notons, que lors de l’hiver dernier, plutôt versatile et doux, certaines ruches ont démarré leur ponte dès la fin décembre.
Veillez également à bien gérer la convoitise d’une ruche à l’autre : il arrive en effet fréquemment, si l’on y prend garde, qu’une ruche aille convoiter les biens de sa voisine. Quelques précautions d’usage sont alors à mettre en œuvre :
- la première, consiste à éviter de nourrir avec du miel : en effet, l’odeur du miel est très vite perçue par les abeilles et si la ruche présente des faiblesses de défense, le pillage peut être violent ou latent, mais dans les deux cas une ruche s’apauvrit au profit de l’autre. La colonie pillée mourra par manque de réserves. Le pillage violent est facilement détectable par l’apiculteur, puisque des dizaines d’abeilles se précipitent avec frénésie sur la planche d’envol, laissant au passage des traces de cire. Le pillage latent est quant à lui plus difficilement détectable, se fait en douceur. Seul le poids de la ruche peut vous alerter. Là encore quelques signes vous alerteront, comme un affrontement sur la planche d’envol (les pilleuses ressortent précipitament). Il est alors urgent de retrécir au maximum l’entrée, par exemple, avec une poignée d’herbe ; les pilleuses seront génées et et la défense de la ruche s’en trouvera améliorée, interrompant de fait le pillage. Si malgré tous les efforts mis en œuvre, le pillage devait persister, il vous faudra déplacer la ruche à au moins 3 kilomètres et compléter les provisions ;
- la seconde, consiste, pendant la période de nourrissement, de réduire les entrées au minimum. Cette pratique, qui à mon sens doit être généralisée, présente de multiples avantages : elle réduit bien sûr considérablement les entrées, ce qui permet de mieux défendre la ruche, empèche les rongeurs de pénètrer et évite la propagation des maladies (ce qui est fondamental).
Les colonies sous surveillance :
Progressivement, le dernier couvain va éclore et cela va se vérifier très aisément, sans ouvrir la ruche. Il suffit de placer une sonde de température au sein de la grappe et de constater la température de cette dernière : au-dessus de 30 degrés, le couvain est bien présent ; en dessous, le couvain est épuisé et les abeilles se sont mises en hivernage.
Pour autant, nos abeilles, même en période hivernale, profiteront des périodes de clémence météorologique et le moindre rayon de soleil sera alors exploité. Dès que la température extérieure dépasse les onze ou douze degrés, nos abeilles n’hésiteront pas pour sortir et butiner les dernières fleurs de l’année (le lière fleuri en abondance en cette période automnale et permet d’alimenter les dernières larves).
Il n’est pas inintéressant de constater que nos abeilles se distinguent d’autres hyménoptères, par leur façon bien spécifique de passer l’hiver, continuant par exemple de s’activer tant que les températures dépassent les 12°. A ce titre notamment, elles se distinguent des guèpes et des frelons qui disparaissent et ou seules les fondatrices se mettent à l’abri, font une diapause et se mettent en léthargie (en attente de jours meilleurs). Dès les premiers jours de printemps, les guèpes, par exemples, sortiront de leur torpeur et recréront une nouvelle colonie temportaire. Pour nos abeilles, il sera question de réduire drastiquement leur activité en fonction des conditions météorologiques, de constituer une grappe plus ou moins dense...
Bien évidemment, il s’agira également pour nos abeilles de disposer pendant de ce temps hivernal de conditions favorables à leur survie et notamment :
1. disposer de jeunes abeilles bien fournies en corps gras,
2. occuper au moins quatre ou cinq cadres,
3. disposer de nourriture de bonne qualité, en abondance et à proximité de la grappe,
4. éradiquer au maximum les varroas,
5. jouir d’une parfaite tranquillité, sans dérangement intempestif.
La diminution importante de l’activité de la colonie, va considérablement accroître la durée de vie de nos abeilles, passant de 6 semaines en pleine saison à 3 ou 4 mois en hiver. Ces abeilles d’hiver, plus robustes du fait de leur inactivité hivernale, reprendront bien rapidement, une fois les beaux jours revenus, l’ouvrage et permettront à la colonie de bien redémarrer au printemps.
Ces abeilles d’hiver, disposent également d’une faculté toute particulière de se regrouper au sein d’une grappe d’abeilles permettant à la colonie de résister aux froids les plus rigoureux.
Ces abeilles vivront, il est vrai au ralenti, mais s’activeront pour maintenir la température de survie. Cette grappe sera plus ou moins volumineuse en fonction des évolutions de température et des caprices de la météo.
Vous l’aurez bien compris, le métabolisme des abeilles d’hiver et bien différent de celles qui les précèdent. Elles ont développé un corps apideux et disposent d’une pilosité plus importante, permettant à ces poils d’emprisonner plus d’air et de constituer ainsi, un excellent isolant.
Quand ces abeilles contractent leurs muscles alaires, elles produisent de la chaleur qui se diffuse au cœur de la grappe. Ces mêmes abeilles effectuent en continu, une rotation du centre de la grappe vers l’extérieur et de l’extérieur vers l’intérieur, de façon à ce que toute la colonie puisse bénéficier de cette chaleur. Notons, que seule la grappe est maintenue à une température de survie, le reste de la ruche, demeurant froide.
Il est évident, que cette activité intense, consume une quantité importante d’énergie, que seuls, les réserves en nourriture et le miel disponible, sont capables de générer.
Traitement anti varroas :
La vérification de la chute des varroas sur les tiroirs des planchers est primordiale, au moins tous les quinze jours. Il sera l’indicateur de l’état sanitaire de la colonie.
Pour plus d’efficacité des lanières (les abeilles ayant tendance à propoliser tout corps étranger dans la ruche), veillez à gratter à l’aide d’une brosse métallique ces dernières.
La présence de varroas au sein des colonies est toujours avérée, mais il m’a été donné de constater une situation plutôt insolite, au regard de la présence de notre parasite sur une limace. Y aurait-il là, des perspectives à explorer dans le cadre de la lutte contre ce parasite ?
La question reste ouverte et pourquoi pas, fera débat…
Pour autant, la belle saison, fait progressivement place à des périodes moins clémentes, mais qui n’en demeurent pas moins très sollicitante pour l’apiculteur qui mettra à profit son temps pour préparer la prochaine saison apicole.
L’ouvrage ne manque pas pour préparer les colonies, ou encore, parfaire l’environnement immédiat de nos ruchers, tout en veillant précieusement au calme et au repos de nos dames…
Bon hivernage à tous.
Jean-Pierre HELLER
Catégorie : Le syndicat (APH15) - Les travaux du mois
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